INTAKT RECORDS – CD-REVIEWS


PIERRE FAVRE ENSEMBLE

Le Voyage

Intakt CD 186

 

Lucas Niggli im Gespräch mit Pierre Favre. Jazz n' More, November-Dezember 2010

 

Intakt macht sein 25. Jubiläumsjahr gleichzeitig zum Pierre-Favre-Jahr. Le Voyage (Intakt CD 186), diesmal mit dem PIERRE FAVRE ENSEMBLE, ist nach den Duos mit dem Posaunisten Samuel Blaser und dem Gitarristen Philipp Schaufelberger die dritte Demonstration der Spielkunst des Meisters der singenden Drums. Blaser und Schaufelberger gehören dem Ensemble ebenso an wie das komplette Arte Quartett mit Beat Hofstetter am Soprano-, Sascha Armbruster am Alto-, Andrea Formenti am Tenor- und Beat Kappeler am Baritonsaxophon, Claudio Puntin an Klarinette & Bassklarinette, Wolfgang Zwiauer am E- und Bänz Oester am Kontrabass. Nur das Klangtupfen aufschäumende 'Attila est-tu là?‘ ist eine Kollektivimprovisation, neben 6 von Favre komponierten oder, im Falle des alten Volkslieds 'Vreneli ab em Guggisberg‘, arrangierten Stücken. Die 6 Bläser liefern der kleinen Bigband den Aufwind für die Reise, auf der Favre wenig dem Zufall überlässt. Bei 'Les Vilains‘ ist allein die Gitarre die nicht ganz so Brave unter den Braven, wobei Schaufelberger als geborener Poet seine Freiheit allein als Lizenz zum Dichten nutzt. Das tut er gleich noch einmal beim leicht südamerikanisch rhythmisierten Guggisberg-Lied, indem er in zarter Tristesse die Saiten zupft, wenn dem Vreneli das Mühlirad des Herzens bricht und die Schweizer Krankheit wie eine Seuche umgeht. 'One for Makaya‘ ist als Favre-Solo ein Gruß an Makaya Ntshoko, der Anfang der 60er Afrobeats vom Kap in die Schweiz gebracht hat. Die hallen dann in 'Akimbo‘ wider, als feiner Rhythmusteppich und westafrikanisches Gitarrenpicking, zu dem die Bläser unisono summen, während die Posaune einen dunklen Gesang anstimmt. Heimweh nach dem Anderswo? 'As Far As That Goes...‘ behält den schwermütigen Ton bei, lässt ihn von der Klarinette versüßen, scheint daraus eine Vitalität zu beziehen, die den Bläsern Schwung verleiht, die sogar die Posaune unternehmungslustig macht, auch wenn eine melancholische Restsüße bleibt. Auf einen buddhistischen Hintergrund für 'Anapana‘ käme ich nicht von allein, es ist heroisch und up tempo, und Favre stellt seinen tappsigen, federnden Stil noch einmal solistisch aus. 'Wrong Name‘ fächert zuletzt summarisch Favres Vorlieben auf, die gesammelten Bläserlinien, die flockige Rhythmik, das Sonore und Sangliche, das in der Klarinette übersprudelt. Und wie schön sie übersprudelt.
Rigobert Dittmann, Bad Alchemy 68, Deutschland

 

Thomas Hein, Concerto, Österreich, Dezember 2010

 

PIERRE FAVRE, INTERVIEW NOVEMBRE 2010
par LUC BOUQUET, le son du grisli


Nouvel élément du développement d’un impromptu précis de frappe helvète : entretien avec Pierre Favre. Le temps d’un retour sur quelques collaborations (Irène Schweizer, Mal Waldron, Jimmy Woode, Peter Kowald, Evan Parker…) et d’un point nécessaire sur les projets en cours d’un percussionniste qui donnait récemment de beaux enregistrements à noms de codes (Albatros et Vol à voile).


Commençons par le début. Quels-ont été vos premiers émois musicaux ? Pourquoi le choix de la batterie ? Avez-vous commencé à jouer des percussions ou seulement de la batterie ? Quels batteurs ou musiciens écoutiez-vous ? Quel a été votre apprentissage musical ? Vos premières formations ?

Intéressante question : elle me fait retrouver mon monde d’adolescent. Le premier émoi fut lorsque je vis et entendis le batteur Eric Schwab, un amateur mais un être pur en Musique. Il jouait dans le style de Max Roach, c’était en 1953. Il me donna 2 cours. La première fois, il me joua une petite phrase et me dis : « voilà, tu joues ça, tu le répètes et tu essaies de le varier, tu restes toujours sur la même phrase et tu la varies. » 2ème cours : il me dit : « très bien tu as compris, je ne peux rien t’apprendre de plus mais je peux te dire une chose : écoute toujours la musique, toutes les musiques, et essaies d’imaginer ce que tu pourrais y apporter avec ta batterie qui la fasse sonner encore mieux, encore plus riche. Si tu ne trouves pas, gardes tes mains dans ta poche. » C’était un maître et il ne le savait pas.
Le choix de la batterie, ce fut d’une simplicité enfantine on peut bien le dire. Mon frère ainé jouait de l’accordéon dans un orchestre de bal et ses copains le quittaient (ils voulaient se marier figurez-vous !) donc je fus choisi pour remplacer le batteur. Je n’étais pas du tout d’accord. Moi, je voulais être paysan, c’était ma passion. Mais mon frère qui était assez autoritaire m’ordonna tout simplement de jouer. Il me montra les differents rythmes, la marche, la polka, le fox-trot, enfin tous ces machins pour faire danser les gens et me dit : « Dans 10 jours nous avons un bal, tu joueras. » Et voilà, il me prit par la nuque et me jeta tout simplement à l’eau. Et en l’espace de quelques jours ma passion de l’agriculture devint une passion pour la batterie qui ne m’a plus jamais quitté. Je jouais tout le temps, tout ce que j’entendais à la radio car je n’avais encore aucun disque. Je suis donc complètement autodidacte.
Ce fut au fond le début de tout mon apprentissage musical, en ce qui concerne la batterie. Après cela je me développé absolument seul, en écoutant, en regardant parfois. J’ai appris énormément en comparant, je me disais : non pas comme ça, alors comment ? Comment cela te plairait-il ? Cela m’est resté jusqu’à aujourd’hui. Sinon je peux dire que mes maîtres furent les grands batteurs noirs. J’ai aussi, parfois, aimé des batteurs blancs mais je veux dire que je n’ai pas été intéressé par l’école blanche. Il n’y avait aucune trace de racisme là-dedans, c’est tout simplement que je trouvais cette école trop militaire.
Le deuxième émoi musical fut d’entendre Zutty Singleton en solo. Il faut ajouter qu’à cette époque mon amour allait au Bee-Bop, Parker, Dizzy, Jazz at Massey Hall… Un autre émoi très fort fut Earl Bostic, un père du Rock n’Roll jouant Flamingo. Et un peu plus tard et pour longtemps Sidney Catlett, le grand maître avec Sidney De Paris et plus tard avec Louis Armstrong. Tony Williams m’a dit une fois « ma plus grande influence fut celle de Sidney Catlett », je lui répondis « moi aussi ». Et j’y ajoute un concert de la grande Billie Holiday. J’avais 16 ans. Je ne sais pas ce qui s’est passé. J’ai du passer dans un autre monde car lorsque je revins à moi, je ne me souvenais plus de rien sinon que cette chose là, à l’intérieur, m’habitait. Elle m’avait probablement et tout simplement emmené en musique. Mais il n’y a là aucune explication possible..

Quel regard portez-vous sur le free jazz des années soixante ? Est-ce qu’un batteur comme Sunny Murray vous a influencé ?
Oui Sunny Murray m’a influencé (il se faisait appeler Sunny et non Sonny… à cause du soleil … ). J’ai aimé son jeu fluide, cette poésie. A l’époque, j’avais trouvé cette expression « un grand poète analphabète » car il n’avait aucune technique dans le sens où nous l’entendons normalement mais il avait cette énergie intense et légère de ceux qui aiment les hommes et la musique. Le free fut u une période très importante pour moi. Le free m’a permis de me trouver, de me trouver devant mon public ce qui est très important et je suis heureux d’avoir pu participer à ce mouvement. Mais à mon avis ce n’était pas une révolution de la forme mais plutôt une révolution psychologique. Comme me disait Albert Mangelsdorff, le Be-Bop était une forme qui contenait tous les éléments nécessaires pour un improvisateur. Nous parlions ici d’un improvisateur de jazz. Par contre, à mon avis, le free n’a laissé aucune forme.

Est-ce que le fait de sortir d’un jeu uniquement rythmique pour entrer dans un jeu plus en mouvement (plus libre ?) était alors une préoccupation pour vous ? Pouvait-t-on parler au milieu des années soixante d’une musique improvisée européenne ou cette musique a-t-elle émergée un peu plus tard ? Quels étaient alors vos compagnons de route ?
e n’était pas une préoccupation mais une nécessité intérieure. L’abandon du timing que je nommerais « autoritaire » s’est trouvé sur mon chemin. Lorsque j’ai osé me poser la question : « et toi, Pierre, comment aimerais-tu jouer, si tu te foutais de tout, de ces gens, de ces règles, juste oser laisser couler ? » Là, j’ai commencé à jouer partout, juste ce qui venait, sans références. Et cela a donné des vagues, comme de longues respirations et, étonnament, je découvris que lorsque j’arrivais à la fin d’un tel arc, je prenais tout normalement le temps de respirer et de laisser venir la suite. Ce n’étaient pas des pauses; je n’attendais pas, je respirais et cela bien que détendu d’une manière très intensive. A l’époque j’ai interprété cela comme la réalisation de mes racines européennes. Mais évidemment à l’époque je faisais partie du mouvement. J’ai joué avec beaucoup de monde, la scène allemande autour de Peter Brötzmann ; la scène anglaise autour de Derek Bailey, John Stevens ; la scène française aux tendences très diverses avec Michel Portal, Gérard Marais, Beb Guérin, J’ai eu une collaboration très intensive avec John Tchicai. Nous faisions une musique originale, bourrée d’éléments de tous genres : des mélodies (ce qui ne plaisait pas à tout le monde car à cette époque la musique devait être libre, ne contenir ni rythme, ni mélodie, ni harmonie, seulement de la musique !?), des rythmes, des éléments en tous genres. La texture de la musique changeait à chaque concert. Ce groupe ne fut jamais enregistré, dommage.

Quelle est votre définition du swing ?
Définir ce qu’on entend par swing n’est pas simple. Je vais essayer en donnant quelques images. D’abord il est indispensable que la musique coule, cela demande donc que personne ne me freine ou me chasse, que mon centre d’énergie qui se trouve au niveau du bas-ventre soit complètement détendu, que je me trouve dans un état de joie. Je me laisse emporter par la musique. Lorsque cette chose se passe, on entre peu à peu dans une sorte de transe, mais sans hystérie et cela s’intensifie continuellement, comme si on quittait peu à peu le sol et on commençait à s’envoler. On entre dans un état non conscient où seule l’oreille est présente. On écoute et tout coule de source. On est dans un état de grande félicité.

Quels rapports entreteniez-vous à cette époque avec les autres musiques (baroque, classique, contemporaine, ethniques) ? Et aujourd’hui ?
Tout d’abord ma grande passion, c’était le jazz. Puis vers la fin des années soixante, les pistes se brouillaient. Quelques grands étaient encore là mais il n’y avait plus cette fièvre. Monk nous a peut-être laissé le plus grand héritage. C’est alors que j’ai commencé à m’intéresser à toutes les musiques, africaines, indiennes, etc., et évidemment la musique européenne sous toutes ses formes. Aujourd’hui j’écoute toutes les musique et essaie d’y déceler les éléments musicaux.

Votre avez joué avec Mal Waldron et Jimmy Woode. J’ai écouté un enregistrement d’un de ces concerts. A plusieurs occasions le tempo flotte, s’évade puis se retrouve. Dans ce cadre précis, le tempo peut-il s’émanciper ?
Jouer avec Mal était comme jouer aux échecs ; on se suivait, on se devinait, etc. On pouvait tout faire. Mal était une personne très ouverte. Il avait un sens de l’humour immense. Jusqu’au seuil de la mort, il n’a cessé de rire et de dire oui à la vie. C’était un grand homme que j’aime pour toujours. Jimmy était un ami. Il m’a beaucoup donné. On ne remarque pas ces choses tout-de-suite quand on est si jeune mais on s’en rappelle pour toujours. Parlant du tempo, nous avions parfois des tensions car Jimmy partait au grand galop et il était difficile de le calmer. Avec lui nous en avons beaucoup parlé. En tous cas, c’était formidable de jouer avec lui.

Le disque Quartett avec Peter Kowald, Irène Schweizer et Evan Parker annonçait beaucoup de choses quant au chemin qu’allait prendre l’improvisation européenne ? En aviez-vous conscience à l’époque ? Pourriez-vous nous narrer l’aventure de cet enregistrement ?
Oui ce fut une époque très intéressant et excitante. Irène et moi-même venions du jazz. Peter venait de l’école de Peter Brötzmann et Evan venait de l’école anglaise de l’improvisation. Tout-de-même, il était en pleine admiration du jeu de Coltrane. Nous jouions fréquement ensemble et nous nous retrouvâmes à Baden-Baden dans un studio pour enregistrer. Nous étions déçus du résultat et nous décidâmes de faire de nouveaux enregistrements à nos frais et de les donner à la maison de disques. Nous avons enregistré beaucoup de matériel et j’ai encore des bandes inédites dans ma cave. Dernièrement un ami de la radio finlandaise m’a apporté en cadeau un enregistrement d’un concert au festival de Pori en 1969. Je suis resté stupéfait en écoutant. Cette musique avait une très grande force. Ce qui en faisait la force je pense était ce qui rythmiquement venait du jazz, c’est à dire le jeu syncopé, l’esprit de la syncope.

Parlons maintenant de votre travail en solo ? Comment construisez-vous un solo ? Avez-vous un scénario ? Adaptez-vous votre set à l’acoustique du lieu ? Comment ont évolué vos solos au fil des années ?
Vous posez des questions intéressantes… J’apprends plein de choses en fouillant dans ces vieux souvenirs. Comment je construis mes solos ? Je choisis quelquefois certains instruments ou certaines baguettes et je commence immédiatement à jouer. Je commence sans réfléchir avec un motif ou sur un tempo qui d’ailleurs presque immédiatement fait jaillir un motif, et je laisse couler. Je dois dire que je ne joue rien de technique. Je joue ce que je chante. Chez moi, je chante tout avec la voix et sur scène c’est un chant qui se passe à l’intérieur et dont je ne suis pas conscient. A partir de là les éléments se construisent au cours de l’énergie. C’est le rythme et l’ouverture, le laisser-venir qui construit. Je mène ces séquences ou arcs musicaux à un point maximum et je m’arrête là où cela pourrait encore monter mais où le risque est que tout s’écroule. C’est quelque-chose de très simple et de pas simple. On peut comparer cela à quelqu’un qui raconte une histoire et rate le moment où il a tout dit. Il se perd alors dans des banalités qui ennuient tout le monde. Charlie Parker et bien d’autre grands faisaient des soli qui nous paraissent toujours trop courts. Ces solis ne sont pas trop courts. Comme l’énergie et la verve qu’elle porte s’intensifie continuellement, cela nous semble court. Cela est le principal mais essayer de décrire exactement comment je construis un solo ferait l’objet d’un essai et cela prendrait beaucoup de temps et d’espace.
Non je n’adapte pas mon set à l’acoustique du lieu mais j’y adapte mon oreille. Voyez-vous c’est ce qu’un ordinateur serait incapable de faire car cela ne peut se programmer, c’est trop fin, la machine ne peut pas faire cela. Sans oublier qu’il suffit que quelques personnes, à la rigueur une seule, entrent dans la salle et l’acoustique change. J’essaie plutôt de me faire entendre. Comme comme si j’essayais de raconter une histoire, je cherche à m’expliquer aussi clairement que possible. Ainsi on s’adapte à l’acoustique, s’il y a beaucoup d’écho on joue un peu plus lentement pour laisser sonner, etc.
Au fil des années mes solos sont devenus plus simples et plus riches je pense. Il n’est pas facile d’abandonner l’idée de technique, c’est une question de maturité. Il faut oser lâcher et se laisser porter uniquement par son oreille. Elle saura toujours là où cela doit aller. Ainsi vous ne serez jamais à court d’idées. Pourtant l’oreille, l’écoute, sont des choses très complexes.

Voulez-vous nous parler de la résonance, de votre rapport au son et à l’espace, à la peau même des tambours, à la frappe, au rebond ?
La résonance c’est le chant. La batterie chante. Elle résonne. Elle porte le son dans l’espace, et le son vous porte et vous fait respirer. Et si vous respirez, vous serez inspiré. Vous pouvez donner un coup… Bon c’est un coup, et alors ? Où va-t-il ? On peut donner une multitude de coups qui nous tombent devant les pieds… Mais on donne plutôt une pulsion à un tambour dans laquelle on se donne entièrement. On la dirige là, vers son public dans l’espace. Cette pulsion part comme une flèche et va loin, bien au-dela de l’horizon. Miles Davis savait faire cela. C’est à mon avis une des raisons pour laquelle tous les musiciens qui sont passés chez lui en sont ressortis transformés.

Parlons maintenant des duos. Avec Irène Schweizer l’écoute est impressionnante, vous cheminez ensemble. Avec Samuel Blaser, par exemple, la distance est plus grande. Comment abordez-vous les duos ?
J’aime beaucoup la forme du duo. C’est la forme de conversation la plus simple. On a un interlocuteur, on l’écoute, on lui répond, on le provoque, on l’enflamme, etc. Avec Irène nous jouons depuis 40 ans. La première fois que nous avons joué ensemble tout était déjà là. Chacun de nous entendait (mais pas consciemment) où l’autre allait. Cela jouait ensemble tout simplement. Entre temps, notre jeu est devenu plus riche, peut-être un peu plus varié, mais c’est toujours le même. Avec Samuel c’est la même chose mais d’une manière un peu différente. Nous conversons continuellement, nous nous devinons, nous posons des pièges, nous donnons un coup de main, nous rions beaucoup en jouant. Aussi, lorsque nous sommes ensemble, c’est un peu comme des enfants ; nous nous réjouissons et n’arrêtons pas de faire les imbéciles. Et puis, tout à coup, un silence et nous parlons de choses importantes. C’est ainsi que nous jouons. C’est une très belle relation.

Composition et improvisation ? Vos impressions ?
J’adore improviser mais je déteste jouer avec des musiciens qui pensent être en train d’improviser alors qu’ils sont tout simplement en train de travailler leurs gammes. Et je déteste la composition et je l’aime. Elle me force à laisser tomber le masque. Il est trop facile de faire n’importe quoi et de se cacher derrière le « mais c’est de l’improvisation ». Avec la composition je suis forcé de me dire : « alors Pierre, qu’est-ce que tu veux entendre ? » Et à ce moment-là je me trouve devant un gand précipice sans fond. Je dois sauter dedans et savoir que quelque-chose doit se passer. C’est une expérience de valeur inestimable. Et une chose très importante qui se passe en composant c’est qu’on fait mille essais pour une idée et le résultat, étonnant, est que lorsque l’on improvise, on fait les mêmes essais mais à une vitesse fulgurante. C’est la vitesse de l’oreille. Ainsi en composant, j’apprends à improviser mieux. C’est pour moi un moyen de devenir un meilleur improvisateur. Il s’agit, là-aussi, d’éviter le piège de s’imaginer qu’on improvise d’une manière créative alors que ses trouvailles d’antan sont devenues des clichés.

J’aimerais pour finir que vous nous parliez du Singing Drums, The Drummers et du Pierre Favre Ensemble. La genèse de tous ces projets, son évolution dans le temps et bien sûr vos nouveaux projets.
Le premier Singing Drums en 1984 fut pour moi une expérience décisive. Je devais composer un programme pour un groupe de 4 batteurs dont seuls 2 savaient lire la musique. Et ce fut une chance. J’habitais encore à Paris à ce moment-là. J’ai travaillé pendant plusieurs mois. J’ai écris des thèmes, enregistré plein de cassettes et j’ai également enregistré des solis dans le genre propre à ceux de mes copains, enfin plein de choses comme je me les représentais. Puis, je me suis présenté à la première répétition sans aucune partition. J’ai chanté et expliqué le cheminement des pièces. Ce fut une découverte pour tous. Nous avons beaucoup joué pendant 4 jours et, peu à peu, les pièces ont pris leur forme définitive. Et encore là nous nous sommes trouvés comme un bande de bons copains ; Paul Motian, Fredy Studer, Nana Vasconcelos et moi-même. Le cinquième jour fut le jour du premier concert et les 6ème et 7ème jours nous avons enregistré le disque. Nous fîmes ensuite une tournée formidable qui eut beaucoup de succès et après cela terminé, il ne subsista que le disque.
C’est une histoire qui n’en finit pas de se répéter : un bon projet, un disque, une tournée, le succès, et patatra tout s’écroule car pas d’argent ! Si vous n’êtes pas dans les circuits, c’est très difficile. C’est le prix de la liberté et il est très élevé.
Puis vint le deuxième Singing Drums avec Lucas Niggli et non 2 batteurs mais 2 instruments mélodiques: Roberto Ottaviano au sax soprano et Michel Godard au tuba. Un premier pas dans la tentative de mélodiser. Ce groupe dura longtemps et nous avons beaucoup joué. Ensuite Window Steps avec Kenny Wheeler, Roberto Ottaviano, David Darling et le merveilleux Steve Swallow. Là, j’osais tomber le masque et apporter mes partitions. Un pas décisif pour moi fut sortir du ghetto du batteur ; pas seulement dire « allez venez les mecs, jouons ! » mais de leur dire : « voici mes chansons et j’aimerais que vous les jouiez de telle et telle manière. » Il m’a fallu du courage.
Plus tard il y eut le European Chamber Ensemble, un ensemble de 11 musiciens avec une section de cordes qui se transforma en le Pierre Favre Ensemble, un groupe de 7 musiciens ainsi que The Drummers, un ensemble de 8 batteurs avec lesquels nous avons joué pendant plus de 7 ans. Le tout est issu de ma manière de jouer la batterie que je cherche à mélodiser, varier, orchestrer.
Mes nouveaux projets ? Encore le Pierre Favre Ensemble avec 5 saxophones, trombone, guitare, guitare basse et contrebasse avec lequel nous venons de sortir un disque : Le Voyage. J’espère pouvoir continuer aussi longtemps que possible avec cet ensemble. Nous commençons à avoir un son et l’orchestre respire. Il y a beaucoup d’espace. Un autre projet que je viens de réaliser est une composition pour percussion solo et orchestre à cordes. Il y aura d’autres concerts au cours de l’année prochaine. Et encore un autre projet : un quatuor de batteries pour lequel je compose de nouvelles pièces. Là j’entends quelque-chose mais cela doit encore naître. Si nous tenons le coup, cela sera un projet de longue haleine. Et finalement le solo qui se développe lentement mais continuellement. J’adore jouer en solo.
Pierre Favre, propos recueillis en novembre 2010. Luc Bouquet © Le son du grisli


Swiss percussionist Pierre Favre has some 15+ discs out on various labels like ECM, FMR, Unit, Hat Hut and Intakt. Favre performs in solos, duos, trios and with a sax quartet and with chamber ensembles. I recently listened to another Favre Ensemble disc on ECM from 1977 which shares only two of the members from this current disc, Schaufelberger and Oester. It was also great!
    I know a few of these musicians from previous discs like Claudio Puntin, Samuel Blaser & Philipp Schaufelberger, the last two have duo discs Favre also on Intakt. This ten piece ensemble sounds wonderful due to the thoughtful, engaging music that Mr. Favre has written. The music is more orchestral sounding with warm, well conceived harmonies and songs with different sections. "Vreneli ab em Guggisberg" has the five saxists stretching their notes out at the beginning but later has the horns playing somber, lovely chords together. Even when Favre plays solo as on "One for Makaya", his playing has a nice melodic tinge. Guitarist Schaufelberger often plays tasty licks along with the rhythm team while the horns swirl superbly around him. Different horn players get a chance to stretch out and solo here and there, most notably Samuel Blaser's ever- enchanting trombone. Every piece shows off a different aspect of Pierre Favre's composing abilities. "As Far as That Goes..." reminds me of British folk-rock with elegant melodies at the center. Favre provides kaleidoscopic harmonies for the horns on "Anapana" while he plays exquisite brushes sewing the entire piece together subtly. Considering that Mr. Favre is most well known as a drummer or percussionist, his playing is rarely featured here. It is his splendid, mature writing that makes this disc so charming. The last piece, "Wrong Name" recalls some of the better arranging by Graham Collier with layers of swirling and interlocking reeds and brass. For those of you who dig inventive music without ever going too far out, we have another winner.
Bruce Lee Gallanter, Downtown Music Gallery, New York, USA, November 2010

 

Der 73-jährige Schweizer Schlagzeuger, Komponist und Bandleader Pierre Favre ist eine einmalige Erscheinung im Bereich der improvisierten Musik aus dem Geiste des Jazz. Dixieland hat er gespielt und Bebop; er war Schlagzeuger der Max-Greger-Big-Band, bis er dann als wichtige Figur im 60er-Jahre-Free-Jazz eine klangrhythmische Spielweise entwickelte, für die er das klassische Drum-Set erweiterte und modifizierte. Zunehmend umgab er sich mit subtilen Klangerzeugern, bei denen von ihm selbst entwickelte Gongs und Becken eine große Rolle spielten. Doch Favre, der zurückhaltende, aber unbeugsame Poet der singenden Rhythmik, wurde zunehmend der Dauerdissonanzen des Free Jazz überdrüssig, folgte seiner Herzensneigung zu Tonalität und Harmonik und begann für unterschiedliche, eigene Besetzungen zu komponieren.
"Le voyage" ist sein neuestes Werk. Er hat es mit seiner Großbesetzung, dem Pierre Favre Ensemble, realisiert. Eine Klarinette bzw. Bassklarinette mit je einem Sopran-, Alt-, Tenor- und Baritonsaxophon fungiert als Bläsersatz; die Posaune ist eher dem mit E-Bass und Kontrabass gedoppelten Bassbereich zuzuordnen, und eine E-Gitarre sorgt für kesse Einwürfe und freche Kontraste. Subtil, aber bestimmt laufen die Fäden beim Schlagwerker zusammen. Das erste Stück mutet in seiner Komplexität noch etwas bemüht an – das eine oder andere Kehrwasser droht den Reisefluss noch ins Stocken zu bringen. Doch alsbald gerät die Reise zu einem Erlebnisausflug großen Vergnügens. Von Ferne grüßt Gil Evans; gute alte Big-Band-Tradition irrlichtert mit Exotischem am Horizont; schließlich darf sich die Mannschaft nach höchst konzentrierten Abschnitten einen kurzen Track lang in gänzlich freier Improvisation entspannen, um dann umso heiterer und nach der Reise letztlich etwas melancholisch in den Zielhafen einzulaufen. Der Zuhörer entdeckt, dass er mittlerweile zum erlebnisbeglückten Mitreisenden geworden ist.
Thomas Fitterling, www.rondomagazin.de, Deutschland, Januar 2011

 

Dischi JAZZ Le voyage
Percussioni protagoniste con lo svizzero Pierre Favre
Pierre Favre è un percussionista svizzero 73enne che ha fatto la storia del jazz europeo. È stato fra i primi a legare la tradizione afroamericana a quelle popolari del proprio Paese (non esclusa quella delicatissima dei carillon); è anche fra i più radicali nel trasformare la batteria in un complesso di strumenti percussivi in divenire, cercando stimoli in ogni parte del mondo. Da molti anni applica la stessa logica all' impatto sonoro nel suo insieme, guidando gruppi anomali e informali. Le voyage è una sorta di suite per clarinetto, trombone, chitarra elettrica e percussioni cui si aggiungono due bassi (elettrico e acustico) e un «coro» di 4 sax. Il risultato, che può ricordare la prima Carla Bley o l' ultimo Louis Sclavis, sposa in un' avventura musicale singoli e collettivo convincendo per la passione che emana.
Claudio Sessa, 16 gennaio 2011, Corriere della Sera, Italia


Welchen Lärm könnte eine solche Besetzung machen, wenn das der einzige Grund ihrer Zusammenführung gewesen wäre. Aber da ist dem rhythmischen Melodiker am Schlagzeug, dem großen Pierre Favre, etwas anderes vorgeschwebt. Eine differenzierte Auslotung von Soundpartikeln, die miteinander und gegeneinander in permanentem Kommunikationsfluss stehen, bilden das Grundgerüst für diese melancholische Fahrt ins Ungewisse. Der Sound dieser ‚Little Big Band‘, hauptsächlich bestehend aus führenden Stimmen der Improvisationsszene aus der Schweiz, hat einen ruhigen, fast zenhaften Charakter, ohne jemals Spannung und Struktur zu vernachlässigen. Der Zuhörer wird auf eine Klangreise mitgenommen, hat die Möglichkeit sich selbst Bilder zu diesen musikalischen Vorgaben zu machen. Beeindruckend die Transparenz dieser Aufnahmen (& dieses Orchesters). Da stehen die ganz großen Vorkämpfer der Instrumentierung und dem behenden Umgang mit einer Großbesetzung, aufrichtig Applaus spendend, Spalier. Es grüßen Barry Guy und das ‚London Jazz Composers Orchestra‘, Mike Westbrook, Gavin Bryars, Michael Sell, Franz Koglmann, Butch Morris, Willem Breuker, Alan Silva, Steve Martland, Colin Towns, Jeff Kaiser oder auch George Russell ganz herzlich. Wenn man schon alle Geschenke verteilt hat, dann sollte man sich mit dieser CD selbst eine Freude machen, sie wird lange andauern.
mitter, freistil 35, Jan-Feb 2011, Österreich

 

Flott reise
Trommeslager, bandleder og komponist Pierre Favre er en av de store navnene og veteranene i sveitsisk jazz.

Her hjemme er nok den nå 73 år gamle Pierre Favre mest kjent for sin ECM-innspilling "Singing Drums" fra 1984 sammen med Paul Motian og Nana Vasconcelos. Han har også jobba en hel del med andre storheter som John Surman og Mal Waldron, men likevel har han aldri fått den anerkjennelsen han fortjener i vår del av Europa.
Nå møter vi den fortsatt svært så oppegående "pensjonisten" med et 10 manns ensemble bestående av Sascha Armbruster på altsaksofon, Samuel Blaser på trombone, Andrea Formenti på tenorsaksofon, Beat Hofstetter på sopransaksofon, Beat Kappeler på barytonsaksofon, Bänz Oester på bass, Claudio Puntin på klarinett og bassklarinett, Philipp Schaufelberger på gitar, Wolfgang Zwiauer på bassgitar samt sjefen sjøl på trommer og perkusjon.
Sjøl om dette i stor grad er ukjente navn for oss så tar det ikke lang tid å slå fast at dette er musikanter av meget høy klasse både ensemblemessig og som solister. Favre står ansvarlig for alle låtene bortsett fra en sveitsisk folkemelodi og alle får mer enn nok å bite i. Favre har henta inspirasjon fra en rekke kilder – det være seg musikk eller musikanter han har møtt på sin lange ferd og det har ført til en spennende reise i melodiske og rytmiske strøk vi ikke kjenner veldig godt fra før og som derfor er egna til å utfordre oss. Grensene mellom det skrevne og det improviserte er ofte vanskelig å oppdage, noe som skaper spenning for de involverte og for oss som lyttere.
Pierre Favre Ensemble og musikken de gir oss makter å fortelle gode, innholdsrike, dynamiske og spennende historier. Inntil en visjonær norsk festivalarrangør greier å hente bandet til Norge er det mulig å glede seg med "Le Voyage" ofte og mye.
Tor Hammerø, www.side2.no, Norway, 18.01.11

 

Philippe Méziat, Jazzmagazine/Jazzman, Paris, Fébrier 2011

 

Thomas Fitterling, Jazzpodium, Deutschland, Februar 2011

 

Rolf Thomas, Jazzthing, Februar/März 2011

 

Nic Jones, All About Jazz, USA, February 2011

 

Wolf Kampmann, Jazzthetik, Deutschland, März/April 2011

 

 

 

Soit quatre saxophonistes (Beat Hofstetter, Sascha Armbruster, Andrea Formenti, Beat Kappeler), un tromboniste (Samuel Blaser),
un clarinettiste (Claudio Puntin), deux bassistes (Wolfgang Zwiauer, Bänz Oster) et un guitariste (Philipp Schaufelberger)
assistant ici Pierre Favre en son doux voyage.
Souffles à contre-jour ou en contre-chants, souffles tissant l'unisson ici et empruntant le contrepoint ailleurs, suave souffle d'un lunaire trombone
face à l'armada solaire du percussionniste (As Far As That Goes) ; tous ces souffles sont des souffles d'unions et de largesses.
Toujours claires et sensibles, les textures de Pierre Favre, de l'éveil à la lumière, bénéficient d'une guitare-guide,
tantôt vive et nerveuse, tantôt arpégeante de douceur. Et cette douceur, sans zone d'ombres et sans crépuscule défait,
n'est pas pour rien dans le charme vivifiant de ce solaire voyage.
Luc Bouquet, Le son du grisli, France, 2011

 

 

Il terremoto del movimento free e le sue scosse lambirono con rapidità le rive del vecchio continente trovandovi sensibili e ricettivi interpreti, e per quanto attiene al mondo della percussione una triade di punta poté da allora essere identificata nel nostro (e oggi più raramente espresso) Andrea Centazzo, nel britannico Paul Lytton e nell'elvetico Pierre Favre. Quest'ultimo ha esplicitato una gamma d'interessi aprendosi con curiosità a partnerships di omologhi di differente estrazione (si pensi al collettivo Singing Drums) e alle istanze del contemporaneo (Arvo Pärt etc.) rimanendo tutt'ora un protagonista di un free anche diversamente inteso e costruttivista. Appena compiute due interessanti incisioni in duo con due giovanissimi solisti (Albatros e Vol à voile, rispettivamente con il chitarrista Philipp Schlaufelberger e il trombonista Samuel Blaser) riunisce, ancora per la notevole Intakt Records, oltre a questi ultimi una sua orchestra per ordire una personale musica a programma.
Ispirato al tema del viaggio (come già, sempre per Intakt, il duo-choc Takase-Sclavis in Yokohama, 2009) Le Voyage arruola, sfruttando la leva dell'ultimissima generazione, una ciurma disciplinata e attenta. Ben schierati sul ponte, gli impeti scultorei del ben composto quartetto di fiati che, se timbricamente muta le morfologie da funerea e russante brass-band a slanci antifonali e organistici, è di fatto un piccolo e vivace parlamento che ispessisce in controcanto le linee dei solisti sfruttando in molti passaggi soluzioni mutuate dal camerismo novecentesco, configurando figure emergenti con rapidità e pronte alla dissoluzione senza mai ricorrere a gratuita effettistica. Il trombone avoca a sé un ruolo di faro, sia pure capriccioso, dai lunghi e discorsivi fasci e il percorso è tracciato dai timonieri alla chitarra e al clarinetto (quest'ultimo impersonato dal già noto Claudio Puntin) che con estro tendono alla virata senza comunque perdere la bussola dell'armonia e il senso dell'onda compositiva.
Pescando entro un oceano di spunti tematici disparati (dal mantra buddhista alla cantilena mitteleuropea), l' itinerario tocca isole di tenebra e mistero (Attila, es-tu là?) e l'ampia esposizione alle scogliere della dissonanza offre però una traversata che tocca squarci paesaggistici suggestivi, sia pur di breve apparizione; la declamazione si fa alta nei "tutti" solenni e concentrati, l'esperto nocchiero Favre rinuncia al protagonismo operando spesso da legante discreto alla band scandendone le frasi con la percussione felina e scintillante, concedendosi un articolato solo dai colori esotici (l'esperienza unicamente auditiva fa perdere la coreografica panoplia delle sue architettoniche batterie), ma non del tutto paradossalmente il diario di bordo si conclude entro un'estetica composta e una dinamica tendenzialmente quieta e riflessiva ma non per questo piatta.
Consideriamoci ulteriormente graziati da Intakt Records, con poca sorpresa circa la solida qualità degli ormai molteplici appuntamenti e della non magra scuderia di talenti (già piuttosto corposo il carnet - da Trio 3 a Barry Guy, Irène Schweizer, Fred Frith etc etc), e che annovera almeno due gemme degne di assoluta attenzione quali il poderoso live-box dedicato a Thelonious Monk (Monk's Casino, 2005) nonché la recentissima e toccante proposta dell'ultimo concerto di uno Steve Lacy uscente dalla scena vitale (November, 2010) e che continua a fissare su standard assai elevati cure produttive e spessori performanti.
Aldo del Noce, Jazzconvention, lunedi, 4 April, 2011, Italia

 

 

Bill Meyer, Downbeat, USA, Mai 2011

 

Martin Woltersdorf, Kölner Stadt-Anzeiger, Deutschland, 8. April 2011

 

Bjarne Søltoft, Jazznytt, Norway, Nr. 2 / 2011

 

In the past few years, Swiss trombonist Samuel Blaser has made quite a name for himself. His discography is remarkably diverse for someone of his age, including the always-difficult solo album. Blaser is a player of enormous subtlety and beauty yet he also packs power and mastery of extended techniques in his horn that give it breadth and scope. On countryman drummer Pierre Favre's Le Voyage, we get to hear Blaser's trombone as a member of a tenpiece ensemble and as a team player. Favre is one of the founding fathers of European free jazz drumming (going back to his mid '60s work with pianist Irene Schweizer) and has had a long a varied career. He hasn't done a whole lot of directing larger ensembles, which is why Le Voyage is a bit of a revelation. His beautiful reed-laden charts show the influence of Gil Evans and Duke Ellington but there are elements that are distinctly his own, including folk-like melodies and an open rhythmic flow. The three main soloists on the disc are Blaser, guitarist Philipp Schaufelberger and clarinetist Claudio Puntin. But this is not a soloists' album per se; it's an album of beautiful, complex compositions played by an ensemble that understands its role. Blaser's part is fleshing out the bottom with lovely low-end harmonies, adding a subtle eccentricity to the music through his command of extended techniques.
Robert Iannapollo, THE NEW YORK CITY JAZZ RECORD, USA, June 2011

 

 

 

 

More than 60 years after the big band era, improvising musicians still organize large ensembles to take advantage of its wider scope and range of colors. Such is the versatility of the arrangements possible with large bands as these sessions demonstrate, that each sounds completely unique while maintaining the same excellence. (...)
Taking a different tack is percussionist Pierre Favre’s Le Voyage Intakt CD 186 which mutates standard big-band harmonies with unique sound blocks in the drummer’s compositions. Utilizing a saxophone choir of soprano, alto, tenor and baritone to create concentrated organ-like chord pulsations, Favre’s intermezzos parcel the solos out among guitarist Phillipp Schaufelberger, trombonist Samuel Blaser and clarinetist Claudio Putin. With the rhythmic thrust doubled by string bass and bass guitar, the results evoke baroque ballads as certainly as big band swing. An example of the latter is “Wrong Name” where Putin’s florid twitters trill chromatically, while around him harmonized reeds throb in unison, prodded from adagio to andante tempo by cross-patterning cracks and pops from the drummer. “Les Vilains” on the other hand could be modernized Renaissance court music, with the reeds playing formalized close harmonies as if they were a string quartet, with cascading and irregular timbres doled out from Schaufelberger’s harsh, slurred fingering. Favre’s sound architecture is most obvious on “Akimbo” where reed shading becomes sonically three-dimensional as the drummer’s clips emphasize the symmetry between the guitarist’s string snaps plus Blaser’s plunger grace notes.
Ken Waxman, Jazzword, 2011, Canada

 

Article about Samuel Blaser, Stéphane Ollivier, Jazzmagazine/Jazzman, France, Juin 2011

 

Swiss drummer Pierre Favre was among the first of the Europeans to approach Free Jazz. After an apprenticeship backing up visiting American bop and mainstream musicians, he struck up a musical partnership with pianist Irene Schweizer. He was in the pianist's first groups (other members included Peter Kowald and Evan Parker). Since the '70s he's led a vast array of his own sessions (many on ECM and many for Schweizer's Intakt label) with different assemblages including an all-drum ensemble and a number of duets. But there's never been much work with large ensembles. So, Le Voyage, recorded with a 10-piece group of young Swiss players, is a welcome addition to his discography.
Clearly this is an album that has been brewing in Favre for some time: he draws on his wealth of experiences as both a playing and listening musician to make this program. The material is all original except "Vreneli Ab Em Guggiberg," a piece arranged from an old bittersweet folk song from central Switzerland. "One For Makaya" is a drum solo dedicated to South African expatriate drummer, Makaya Ntshoko, who resided in Switzerland for many years and became a good friend of Favre's. "As Far As That Goes" sounds like a long-lost chart from a Lee Konitz big band session arranged by Bob Brookmeyer; the music is complex, yet never needlessly so. Favre uses a unique instrumentation: five reed players, one brass, and a rhythm section of guitar, two bassists (one electric), and himself. The material he's written spotlights the uniqueness of this ensemble and his writing emphasizes the uniqueness of this choice. Sure, there are obvious Ellington and Gil Evans influences but Favre's writing makes this music his own. The beautiful reed/ brass chorale that concludes "Vreneli..." could only be done by this band. The brass cushion that surrounds Blaser's trombone over the African pulse from the rhythm section on "Akimbo" is beautifully delineated. The only disappointment is that this track fades rather than coming to a logical conclusion. While there are solos (chief soloists: Philipp Schaufelberger on guitar, clarinetist Claudio Puntin, and Blaser) this is very much scored music with dense beautiful charts. What's also impressive is the fact that Favre's drums do not dominate even though he is the leader of the session. They lead, they set the rhythm, they color the landscape but they never dominate. Favre's arranging skills are a side of his music with which I was unfamiliar. But a side I relish hearing again.
Robert Iannapollo, Cadence Magazine, 7-8-9/2011, USA

 

Ciò che da sempre rende diverso Pierre Favre da molti colleghi (almeno dai tempi del collettivo Singing Drums) è il fatto che - nonostante sia un batterista - non è mai debordante. Può anche far sorridere, ma la storia della musica moderna ci viene in aiuto, raccontando di chiari protagonismi che (non se ne vogliano i musicisti in oggetto) vedono proprio i batteristi in cima alla classifica. Favre, ormai dagli anni Sessanta un "must" del percussionismo contemporaneo, ha dalla sua un'innata idea di limite e di straordinaria capacità compositiva per il "collettivo".
Raramente un suo disco delude. Anche le otto composizioni di questo "Viaggio" confermano livello e bontà qualitativa del pensare sonoro del percussionista elvetico, sempre a proprio agio sia nel campo dell'improvvisazione totale che negli episodi più fondamentalmente "scritti," come in questo caso. E Le Voyage non è forse un titolo a caso, poiché proprio il "viaggio" in senso lato e in territorialità estese della musica moderna, è il sostantivo principe da citare quando si pensa all'agire musicale di Favre, il quale firma tutte le composizioni di questo nuovo CD, compreso l'arrangiamento di un brano elvetico tradizionale.
Il karma guida è forse racchiuso nelle spire dell'africaneggiante "Akimbo," costruito anche grazie a un accattivante riff molto vicino al migliore Ravel e che gioca con grande sicurezza equilibri tonali tra ritmica e melodie fiatistiche. Calore intenso e immagini sonore di cristallina bellezza in senso tradizionale permeano quasi ogni brano di Le Voyage, dove Favre è alla guida di un misurato (e ci mancherebbe, viste le premesse citate) tentetto formato da sei fiatisti (tra i quali il già ben conosciuto Claudio Puntin ai clarinetti), un chitarrista e da una doppia ritmica bassa.
La cifra "libera" di Favre è anche accentuata dalla sua capacità compositiva che non fa riferimento a nessuna scuola, ma è articolata su un proprio gusto sensitivo peculiare che - del resto - caratterizza molto del suo lavoro. Il risultato - grazie alla line-up chiamata - è un'intensa fioritura ove gli elementi ritmici risultano ben incastonati nel tessuto compositivo e i rimandi fra melodia e parte improvvisate portano al ricordo di alcuni fortunati lavori passati di Carla Bley. Valutazione: 3.5 stelle
Vittorio Albani, italia.allaboutjazz.com, 30-05-2012, Italy

 

Die Scheibe hier ist ein alter Schinken, aber sie kam erst letztlich zu mir, ist also gut abgehangen. Favre ist ja einer der großen Drummer der Schweiz, der von Max Greger bis Irène Schweizer schon fast alles im Jazz gemacht hat. Sein neuester Live-Streich ist ein herrlich frisch aufspielendes Quartett mit jungen Schlagzeuger_innen. Ein guter und sympathischer Mann, der's einfach kann und der beständig weitergeht, um mit jedem Schritt neu zu lernen. Hier hat er sich ein besonderes Geschenk gemacht: Eine Ensembleplatte, die so lässig und vor allem harmonisch wie lange nicht mehr aufspielt. Favre ist bekennender Melodiker, Dissonanzen machen ihn mittlerweile müde, verständlich bei der häufiger zu beobachtenden normativen Zwangsreproduktion von Improv-Klischees. Großartig, dass er hier nicht etwa den Weg einer bloßen Harmonieschwelgerei gegangen ist, sondern zu einer klugen und sensibel-sinnlichen Kollektivpoesie mit allen Tiefen und Höhen fand.
Honker, "Music made my Day", www.terz.org, TERZ 04.12, 02.04.2012

 

Ken Waxman, THE NEW YORK CITY JAZZ RECORD, March 2012, USA (PDF-File)

 

 

 

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