Au sein du Trio Heinz Herbert, on déblaye large, on active la masse sonique, on perfore, on fore, on envahit. Les instruments (guitare, synthétiseur, batterie) ne sont qu'alibis à surdosages magnétiques, crispations modulaires.
Le crépuscule a trouvé son maître et il se nomme Heinz Herbert. On peut parler d'ambient ici, de crochets hypnotiques, de psyché délurée mais on peut aussi parler d'insistances diaboliques ou de contagion viscérale. Maîtrise du crescendo (j'ai pensé plus d'une fois à The Necks), cascades bruitistes, minimalisme spectral, orages aimantés, harmonies déliées et soudainement apaisantes, rock en goguette, Mario Hänni, Dominic et Ramon Landolt (toute ressemblance avec Patrick Landolt, le boss d'Intakt, est absolument faite exprès), avaient frappé fort à Willisau le 2 septembre 2016. Cet enregistrement, magnifiquement, le prouve.
Deux ans plus tard et en studio, le Trio Heinz Herbert résonne d'organisations tout autant avancées. Les mouvements ne se ceinturent plus, les oppositions sont possibles et même souhaitables. Le rythme se détraque, joue à la belle excessive tandis que le solo instrumental n'est plus proscrit.
Dans ce labyrinthe de plus en plus insoumis, les sonorités durcissent, les sources se se télescopent, la matrice tourne parfois à vide (le syndrome du son pour le son) et l'on regrette parfois les richesses-finesses du disque précédent. Comme s'il fallait à tout prix grossir le trait, exhiber les sons, leur donner une force dont ils ne sont pas forcément porteurs. Malgré tout ce Yes parvient à surprendre. Alors, allons-y pour un (presque) yes.