Après un premier disque Intakt en trio qui nous avait fait forte impression (cf. Culturejazz « Les disques qui vous ont échappé (2) » 31/01/2016), le pianiste afro-cubain Aruán Ortiz nous en offre un second, cette fois un solo (il en avait réalisé un à Madrid vingt ans auparavant). Né à Santiago de Cuba, Ortiz débute par le violon puis s’oriente vers le violoncelle (en musique classique) avant de choisir le piano en 1992. Il a alors 19 ans et pratiquait obligatoirement l’instrument durant ses études musicales. Il voyage en Espagne, en France, et atterrit aux États-Unis, d’abord au Berklee College de Boston, où il découvre l’univers du free jazz – il considère le pianiste Muhal Richard Abrams comme son mentor – avant de s’installer à Brooklyn. Ce nouveau disque est donc sensé refléter diverses expériences de son parcours. On remarquera immédiatement l’intensité et la retenue qu’il imprime à son jeu de piano, souvent cristallin, clair et précis. Parmi les dix compositions, certaines s’appuient sur des polyrythmies souvent insistantes, d’autres, plus arythmiques, sont marquées par la musique contemporaine, voire impressionniste, certaines, plus calmes, sont comme des ballades... Notons que le (presque) titre éponyme, Cuban Cubism, s’inspire d’une peinture de son compatriote Wifredo Lam. Aruán Ortiz est un pianiste aussi singulier que sa musique est originale.
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